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Anna Roy, sage-femme, autrice et chroniqueuse, est venue chez Jeen pour une masterclass engagée, portée par son franc-parler et son expérience en salle d’accouchement.
Au programme cette soirée : réflexions sur la médicalisation de l’accouchement ; revue des lieux et “façons” d’accoucher en France en 2025 ; discussion autour des projets de naissance… et de tout ce qu’on ne dit pas assez autour de ce moment clé. Voici ce qu’on en retient. Liste non exhaustive.
⚖️ Pourquoi a-t-on médicalisé l’accouchement ?
L’histoire de la naissance est marquée par des chiffres vertigineux : à l’échelle mondiale, des centaines de millions de femmes mouraient chaque année en accouchant, souvent avec leur bébé.
La médicalisation n’est donc pas née d’un excès de contrôle, mais d’un besoin vital. En Occident, on a eu la chance d’y accéder, et ça a tout changé.
“La médecine, c’est génial quand c’est fait avec raison et mesure”. Ce qui compte, c’est de trouver l’équilibre : faire confiance à la nature quand elle fait bien les choses, et pouvoir s’appuyer sur la médecine quand elle devient nécessaire.
🏥 Quelles options pour accoucher en France en 2025 ?
Aujourd’hui, en France, la très grande majorité des accouchements a lieu en maternité.
D’autres options existent, mais restent marginales :
- Les maisons de naissance, qui sont réservées aux grossesses à bas risque. L’accompagnement est assuré uniquement par des sages-femmes, sans recours à la péridurale ni aux “interventions médicales”. L’une de leurs spécificités : être suivie pendant toute la grossesse par un binôme de sages-femmes, et le jour de l’accouchement, c’est l’une d’elles qui sera présente à vos côtés.
- L’accouchement à domicile, qui aujourd'hui manque encore d’un cadre pour garantir des conditions de sécurité homogènes, notamment pour les sages-femmes les accompagnant, pour qui il est financièrement compliqué de s’assurer tant le prix de l’assurance est élevé.
🧳 Se préparer à accoucher : jusqu’où aller ? Selon Anna Roy
On ne peut jamais être trop préparée à son accouchement. Encore que… “Le savoir, c’est le pouvoir” : plus on comprend ce qui peut arriver, plus on avance avec confiance. Mais il ne faut pas tomber dans l’extrême inverse : il faut pouvoir “éteindre son néocortex”, comme dirait Michel Odent, pour laisser la place à nos côtés “primitifs” indispensables au jour J (et à la sécrétion de toute cette fameuse oxytocine).
Bien se préparer, c’est aussi oser regarder en face ce qui vous fait le plus peur : une césarienne, un déclenchement, un forceps... Et au fond, l’essentiel, c’est de se sentir powerful, quelles que soient les circonstances, même si tout sort du cadre qu’on s’était projeté.
📄 Projet de naissance : comment le rédiger ?
Parfois mal perçu par les professionnel·les de santé, le projet de naissance pâtit de son format “liste de courses” — impersonnel, standardisé, souvent téléchargé sur Google. Et pourtant, bien utilisé, c’est un outil précieux.
Le dossier médical est rempli par l’équipe. Le projet de naissance, lui, est le seul endroit où vous avez vraiment la parole. C’est l’occasion de dire ce qui compte : un vécu, une peur, un détail qui change tout : “j’ai été agressée sexuellement”, “j’ai peur des piqûres”. Pendant l’accouchement, il peut être difficile pour l’équipe de vous cerner. Le but, c’est que la sage-femme puisse mieux vous connaître en quelques lignes, quelques pages.
Pensez aussi à ce que vous souhaitez après l’accouchement : rentrer rapidement à la maison ? Prendre le temps ? Être entourée ou au calme ? Ce sont des infos précieuses pour vous accompagner au mieux.
Et cette fameuse “liste de courses” alors ? Elle peut avoir sa place en préparation à la naissance, pour poser vos questions, faire le tri. Dans tous les cas, le jour J c’est le dialogue qui prime, peu importe ce que vous aviez écrit.
L’important, c’est qu’il vous RESSEMBLE.
💡 Peut-on créer une ambiance personnalisée à l’hôpital ?
OUI. Et c’est même encouragé.
🎬 Besoin de vous distraire ? Vous pouvez apporter des films, des journaux, un livre… tout ce qui vous aide à patienter ou à vous sentir bien.
🎵 Musique : Tout à fait possible. Pas de concert de Metallica ou de Wagner à plein volume, promis ? 😅
🕯️ Lumière tamisée : Bienvenue elle aussi, sauf si l’équipe a besoin d’y voir clair à un moment précis.
🍬 Bonbons à sucer : Oui, toujours utiles pour garder un peu d’énergie et ravir vos papilles.
🥤 À boire ? Oui, mais sans gaz, sans pulpe et sans lait. Prévoyez plusieurs petites options sucrées pour varier.
🍽️ À manger ? Pas pendant le travail, mais juste après, l’appétit revient souvent en force. Sushis, pizza, gâteau… tout y passe.
⏰ Quand déclenche-t-on un accouchement ?
En principe, on propose un déclenchement à partir de terme + 5 jours, si tout va bien.
Mais dans certains services, on déclenche plus tôt, parfois parce qu’il y a eu des antécédents difficiles dans l’équipe, et que c’est devenu une politique de précaution. Le sujet du déclenchement est très maternité-dépendant, est équipe-dépendant : parlez-en lors de vos consultations en maternité.
Et vous, de votre côté, vous pouvez aussi en faire la demande : si vous sentez que quelque chose ne va pas, même si les examens sont bons, n’hésitez pas à amener le sujet. À partir du terme (41SA), un déclenchement ne peut pas vous être refusé. L’inquiétude maternelle est un motif à part entière. Si vous sentez que quelque chose cloche, dites-le. Faites-vous confiance.
⚖️ Peut-on refuser un geste médical le jour de l’accouchement ?
On ne peut rien vous faire si vous refusez. Il faut quoiqu’il arrive votre consentement.
A noter ceci dit : si votre santé ou celle du bébé est en danger immédiat, l’équipe médicale peut intervenir, sans votre accord mais avec celui du procureur si nécessaire.
Par ailleurs, vous pouvez poser autant de questions que vous voulez pendant le travail. Vous pouvez aussi revenir sur le déroulé de l'accouchement quelques jours après. L’important, c’est de sortir en COMPRENANT votre accouchement, et de comprendre ce qu’il s’est passé. Retirez peu à peu les zones d’ombre s’il y en a.
🤝 Assurer une continuité du suivi de la grossesse au post-partum, c’est possible ?
Les personnes qui assurent les cours de préparation à la naissance ne seront pas celles qui seront à votre accouchement, mais elles peuvent être celles qui vous suivront en post-partum. Une façon de se sentir plus en confiance, c’est de faire appel à une sage-femme libérale en complément du suivi proposé en maternité. En prévoyant 2 ou 3 séances en fin de grossesse, vous avez le temps de créer un lien, de poser vos questions… et de savoir que c’est cette même sage-femme qui sera là après la naissance, pour vous accompagner pendant votre post-partum.
🙋♀️ On répond à vos questions sur les gestes et dispositifs médicaux
Péridurale déambulatoire
C’est une version “moins dosée” de la péridurale, qui permet parfois de bouger, marcher ou changer de position pendant le travail.
👉 C’est une super option quand elle est possible, mais elle demande de la disponibilité et une formation spécifique de l’équipe. Donc même si elle peut être techniquement proposée partout, elle ne l’est pas encore toujours en pratique. On avance peu à peu sur ce sujet…
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Sonde urinaire
Lorsqu’on a une péridurale, il devient difficile de sentir l’envie d’uriner. La vessie est souvent impactée par l’anesthésie, rendant donc l’envie d’uriner naturellement.
👉 Sous péridurale, vider la vessie est de mise : en quelques secondes grâce à l’usage d’une sonde urinaire, à intervalles réguliers pour éviter la rétention (/3-4h environ).
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Cathéter veineux
C’est ce petit tuyau posé sur votre main ou votre bras, qui permet de vous administrer un médicament ou un liquide en cas de besoin.
👉 Il n’y a pas d’aiguille qui reste dans la peau, et s’il est bien posé, vous ne devriez presque pas le sentir.
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Touchers vaginaux
Ce sont les examens faits pendant le travail pour évaluer l’ouverture du col et la progression du bébé.
👉 Vous pouvez demander à en limiter le nombre, que ce soit dans votre projet de naissance ou directement avec l’équipe, mais théoriquement les équipes sont formées pour respectées une “bonne fréquence” des checks pendant le travail.
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Monitoring
C’est ce dispositif médical composé de 2 capteurs, posé sur votre ventre pour écouter et surveiller le rythme cardiaque du bébé pendant le travail, et pour capter les contractions.
👉 Il peut être continu ou intermittent, selon les situations. En général, ce n’est pas contraignant, mais si possible, évitez de fixer le tracé : évitons le stress inutile.
📖 Les refs d’Anna
Les podcasts d’Anna
- Sage-Meuf : briser les tabous autour de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum
- Tout sur elles : vulgarisation scientifique sur la santé de la femme
- La Matrescence : parler parentalité sans fausse pudeur
- Bliss Stories : témoignages de femmes sur leurs maternités
- ⚠️Certains témoignages peuvent heurter la sensibilité de certain.es
- Faites des Gosses : explorer la parentalité sous tous les angles
Les livres d’Anna
- C’est ma grossesse : la grossesse en 300 questions
- Votre grossesse : toutes les étapes de la grossesse pour vous et votre enfant
Et ☝️ pour aller plus loin sur la compréhension et l’accompagnement des maux de grossesse, on vous recommande le programme savamment concocté par Yolande, ostéopathe : explications, tips, pratiques vidéos de yoga adaptées, audios de méditation…