✍️ Le post-partum avec Anna Roy - Les notes de la masterclass

“Le post-partum, c’est un renversement total d’existence. Un évènement aussi profond que sa propre naissance.” - Anna Roy

Anna Roy, sage-femme passionnée et passionnante, nous a offert une masterclass riche, sans-filtre et bienveillante. Voici le récap complet de ses conseils, observations et des réponses qu’elle a apportées aux questions posées en live.

Le post-partum, c’est quoi vraiment ?

La définition médicale du post-partum est brève : entre la sortie du placenta et le retour des règles. Autant dire, pas grand-chose.

Dans la réalité, c’est bien plus vaste. Pour Anna Roy, le post-partum dure environ 3 ans. Car ce n’est pas qu’une récupération physique, c’est un bouleversement identitaire qui impacte toutes les sphères de la vie : on devient parent, on ne vit plus seulement pour soi, mais aussi pour un·e autre.

C’est bien ou c’est horrible ?

Les deux, et c’est ça le plus déroutant.

Le post-partum est une expérience universelle mais unique. Chaque personne traversera cette période à la naissance d’un enfant, mais chaque parcours sera différent. Même pour une même femme, il n’y a pas deux post-partums pareils.

Parfois, c’est doux. Parfois, c’est violent. Le plus important : ne pas comparer. Et surtout, ne pas culpabiliser.

Ce n’est pas parce qu’on aime son bébé qu’on ne peut pas avoir envie de tout envoyer valser.

Ce n’est pas parce qu’on a vécu une dépression post-partum une fois qu’on en revivra une.

Et ce n’est pas parce qu’on n’a pas “le coup de foudre” qu’on ne va pas créer un lien fort, plus tard.

Pourquoi c’est si bouleversant ?

Parce que tout change d’un coup :

Le corps, la tête, le sommeil, la libido, le couple, le travail, les repères, les finances…

Un enfant, c’est en moyenne 8 heures de travail en plus par jour. Autant dire que ça déplace tous les équilibres.

🧠 Dans ta tête

Le baby blues

Le baby blues touche environ 80 % des femmes. C’est une montagne russe émotionnelle, souvent très intense, mais brève. Si ça dure plus de 15 jours, parle à une sage-femme ou un·e psy.

La dépression post-partum

Touche 15 à 30 % des femmes, souvent autour de 4 et 9 mois. Elle n’a rien à voir avec un manque d’amour. C’est une fatigue physique et mentale cumulée.

Bonne nouvelle : elle se soigne très bien, plus facilement que les dépressions “classiques”, surtout si elle est prise en charge tôt.

Le co-parent aussi peut être concerné : environ 10 % des partenaires vivent une dépression post-partum, surtout les plus investis.

Les phobies d’impulsion

Ces images effrayantes peuvent arriver. Jusqu’à 2 ou 3 par jour, c’est courant. Au-delà de 15 par jour, il faut consulter.

L’hypervigilance

Tu surveilles ton bébé comme un suricate sous amphétamines ? Ça peut arriver au début, mais si ça s’installe, il faut casser le cycle : confier le bébé à quelqu’un de confiance quelques heures, et faire autre chose (pas dormir tout de suite, faire un truc pour toi). La détente revient, et le sommeil avec.

🩺 Dans ton corps

Le vécu physique du post-partum est très variable : il dépend de ton accouchement, de ta grossesse, des suites, de ta forme, de ton entourage...

Mais une chose est sûre : les 15 premiers jours, tu dois tout sacrifier pour ton bien-être physique. Pas de sport, pas de charge lourde, pas de mouvements d’abaissement.

Et si tu sens que tu ne récupères pas bien, si tu as encore mal, si tu n’es pas à l’aise dans ton corps : consulte un·e pro. Ce n’est pas “trop tard”.

❤️ Dans ta vie

La sexualité change

“La première chose qui disparaît avec la fatigue, c’est le désir.” - Anna Roy

La sexualité peut prendre du temps à revenir. Mais elle revient, et parfois différemment, parfois mieux. La fatigue et le manque de temps peuvent faire baisser le désir, mais en cas de douleurs, il est essentiel de consulter : des solutions existent.

Le couple évolue

“Faire famille, c’est aussi une forme de business.” - Anna Roy

Il y a un vrai aspect entrepreneurial dans le fait de devenir parent ensemble. Une famille, c’est un système à faire tourner : repas, lessives, relais, nuits…

Et un couple avec enfant, c’est un système à réorganiser entièrement.

➡️ Parlez organisation : qui fait quoi, quand, comment — et on respecte.

➡️ Adaptez vos rôles sans tout vouloir contrôler. L’un ne fait pas “moins bien”, il fait juste autrement. C’est d’autant plus bénéfique pour l’enfant.

➡️ Prévoyez des temps à deux, même courts.

La vie pro et les finances

“Faire un enfant, c’est 8 heures de travail en plus par jour.” - Anna Roy

Les finances, ce n’est pas secondaire. C’est un pilier du quotidien. Entre nouvelles dépenses et revenus qui fluctuent, mieux vaut poser les choses à deux

Le travail devient aussi souvent un sujet sensible. Reprendre ? Ralentir ? Changer de voie ?

➡️ Ne rien décider dans les 6 premiers mois : trop tôt pour voir clair.

➡️ Mais réfléchir, oui. Et surtout : rééquilibrer la répartition à la reprise.

Les grandes questions posées pendant la masterclass

💬 Comment communiquer dans le couple quand on est épuisé·es ?

Quand on est crevé·e, on n’a plus envie de comprendre l’autre. Alors le ton monte, on s’accroche, on se ferme. Anna conseille de mettre en place un mot stop : quand ça monte trop haut, on dit ce mot, et on en reparle le lendemain.  Et garder les bases : merci, pardon, s’il te plaît — c’est bête, mais ça change tout.

Si tu allaites, pense au repos compensateur : 4 heures par jour où l’autre prend le relais. Sinon, faire chambre à part ou diviser les nuits peut sauver l’ambiance. Demander de l’aide aussi : certaines étudiantes sages-femmes assurent des nuits.

Et surtout, s’accorder des moments à deux, même courts. Un resto tous les 15 jours, un week-end tous les deux mois. C’est ce qui fait tenir. À Paris, un couple sur deux se sépare après une naissance. Trop sortir chacun de son côté peut amplifier ce sentiment que le couple est devenu “l’endroit pas fun”.

💬 Quand on a déjà un enfant, comment gérer la culpabilité ?

Le piège, c’est de vouloir faire rentrer le nouveau dans le cadre du premier. Chaque enfant réinvente l’équilibre.

Explique à ton aîné·e qu’un bébé, c’est bruyant, chiant, pas toujours marrant et qu’il demande plus de temps. Ce n’est pas que tu aimes l’un plus que l’autre.

Prévoie du temps seul·e avec chaque enfant, et aussi du temps seul·e pour toi. C’est dur au début, surtout pour les mères, mais ça devient plus facile.

💬 Comment gérer les grands-parents ou autres proches trop intrusifs ?

Pas de recette magique, mais deux repères :

  • Si ce sont des personnes aidantes, profite de leur soutien sans culpabiliser.
  • Si ce sont des personnes critiques, un petit "oui oui, merci du conseil, je vais essayer" et hop, ça ressort par l’autre oreille. Et si tu ne sais pas trop si cette personne te fait du bien ou non, en parler avec un·e psy peut vraiment aider à y voir plus clair.

💬 Quelles sont les difficultés spécifiques des co-parents dans le post-partum ?

Beaucoup se sentent critiqués en permanence, ce qui les bloque.

  • Les laisser apprendre, même avec leurs erreurs.
  • Leur laisser du temps seul avec le bébé : c’est comme ça qu’ils mesurent ce que ça implique, et qu’ils créent du lien.

💬 Que faire si le lien ne se crée pas avec le bébé ?

Le lien, c’est comme une rencontre amoureuse : coup de foudre immédiat… ou relation qui se tisse avec le temps. Ça peut prendre du temps et c’est normal.

À 3 semaines, il doit y avoir un minimum de lien. Si tu ne ressens rien du tout il faut en parler. PMI, psy, unité mère-bébé : il y a des solutions.

👉 Les tips et recos d’Anna

  • S’entourer de personnes ressources : pro de santé, sage-femme, proches fiables.
  • Ne pas rater le rendez-vous postnatal entre 4 et 8 semaines après l’accouchement.
  • S’organiser à la militaire dans la répartition des tâches et faire un point tous les 15 jours (même avec un Excel !)
  • Faire du sport, se balader au Monoprix… chacun son truc mais il faut garder des moments pour soi.

🛠️ Quelques outils qui peuvent tout changer

  • Des étudiantes sages-femmes assurent des gardes de nuit à domicile, y compris si tu allaites 👉 babysittingbaudelocque@gmail.com
  • Le Club Poussette, le collectif Du sel dans le café : plein d’initiatives pour souffler, parler, rencontrer.
  • Les test EPDS : quelques questions qui permettent de dépister une potentielle dépression du post-partum. Il peut être refait à chaque mois de la vie du bébé sans date de fin. Si le score est supérieur à 10, vous devez voir un professionnel. Si vous avez fait une dépression prénatale et qu’elle n’a pas été traitée, vous êtes plus susceptibles de faire une dépression post-partum : consultez dès que vous sentez les premiers symptômes.
  • En cas d’épuisement, les mi-temps thérapeutiques existent.
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